mercredi 10 février 2016

Nous et eux



"À mesure qu’on va vers l’Ouest, l’agitation moderne devient de plus en plus grande, si bien qu’aux yeux des Américains les habitants de l’Europe représentent un ensemble d’êtres amis du repos et du plaisir, tandis qu’en réalité ils vont croisant leur vol continuel comme des abeilles et des guêpes. Cette agitation est si grande que la culture supérieure n’a plus le temps de mûrir ses fruits : c’est comme si les saisons se succédaient trop rapidement. Par manque de repos notre civilisation court à une nouvelle barbarie. En aucun temps les gens actifs, c’est-à-dire les gens sans repos, n’ont été plus estimés. Il y a donc lieu de mettre au nombre des corrections nécessaires que l’on doit apporter au caractère de l’humanité, la tâche de fortifier dans une large mesure l’élément contemplatif. Mais dès à présent tout individu calme et constant de cœur et de tête a le droit de croire qu’il possède non seulement un bon tempérament, mais une vertu d’utilité générale et qu’en conservant cette vertu il remplit même un devoir fort élevé."

Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain

2 commentaires:

  1. Merci à vous, cher Dériveur, de nous rappeler ces saines vérités.

    Toutes proportions gardées, ce passage m'évoque la fin du film The Big Lebowski où le cow-boy moustachu et narrateur évoque le bien être qu'il éprouve à savoir que, quelque part sur ce globe, Lebowski continue à fainéanter avec bonheur.

    Comme si le Dude était, d'une certaine façon, le garant (certes caché et fort minoritaire) d'un bonheur encore possible et/ou à réaliser...

    Un exemple à suivre, me concernant.

    Bien à vous.

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  2. Bien à vous, cher Promeneur. Vous m'avez donné envie de revoir ce film.

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