lundi 8 juin 2015

Précis de démystification

Luc Ferrygolo


L'Abbé Pierre Rabhi aime les pauvres


Boris Cyrulnik sa mère et tue son père


" Inquiets de voir disparaître les seuls sentiers battus, les seules voies d'un ethos, fussent-elles de garage, qu'ils pouvaient suivre hier encore avec une relative sûreté - un parcours scolaire et universitaire, suivi d'une carrière professionnelle, accompagnée d'une vie de famille et, pour finir, d'une retraite ; fatigués des divertissements festifs impuissants à les distraire de leur condition de Narcisses égarés ; gagnés par les phobies écologiques du nouveau millénaire ; effrayés par les surenchères de la violence terroriste, les voilà, pour un grand nombre d'entre eux, pris au piège de leur individualisme sans Dieu ni Progrès, avides de Sens, de Sagesse ou de Spiritualité. Pour certains, il est trop tard. Harcelés par les impératifs de production, minés par l'angoisse d'être jetés hors de la course au profit, surdosés en pilules psychotropes, ils se suicident chez eux ou sur leur lieu de travail - à la cadence, selon les statistiques récentes, d'une mort par heure. D'autres se fourrent dans des sectes new age, se convertissent au régime végétarien, se soignent par l'homéopathie, cultivent ou achètent des produits "bio", ne jurent que par l'"authenticité". Les plus crédules, alléchés par l'initiation, le mystère, la méditation, le "travail sur soi", affectionnent les livres de sciences ésotériques et de spiritualité bouddhistes indienne, zen ou tibétaine. D'autres encore, se croyant plus avisés, désireux d'enrichir leur réflexion, de fortifier leur fibre humaniste et de construire leur "monde intérieur", avec ses règles, ses fins, ses repères, et, pourquoi pas, de s'engager au service de l'Homme ou de la Nature, se rabattent sur une culture philosophique agrémentée de références livresques, mais pas trop, garanties par un label professoral. Telle est la clientèle des ces idéologies portatives, à usage personnel, nommées "éthiques", reprises de sagesses antiques, mixées et compilées en livres ou manuels de recettes magiques pour une vie heureuse, joyeuse, réussie et responsable. Dénués, bien sûr, du moindre effet bénéfique mental, intellectuel ou thérapeutique sur leurs consommateurs - cela se verrait -, ces produits, en France, assurent au moins la félicité et la réussite éditoriales de professeurs bon teint comme de leurs homologues alter-universitaires et populaires aussi pontifiants. En ces temps de délocalisation massive et brutale des âmes, tous ces bonimenteurs, concurremment avec des "spécialistes" du stress, de la dépression, de la médecine douce, de la "résilience", que sais-je encore, parviennent à se tailler un franc succès commercial sur le marché toujours plus porteur et rentable des raisons de vivre. "

Frédéric Schiffter, Le bluff éthique


Michel Onfray mieux d'aller prendre l'air


David Servan-Schreiberézina


Un Ricard bon d'accord mais c'est le dernier hein

1 commentaire:

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