Après d'autres artistes de talent, voilà que disparaît Ettore Scola,
réalisateur du mythique "Affreux, sales et méchants", et
avec lui encore un peu de l’esprit politique que j’aimais. Celui qui se
moquait autant de cette droite qui s’accommode mieux de la charité que
de la justice, que de cette gauche qui défend une mythologie absurde du
prolétariat. Celui qui préférait affirmer sa singularité en clamant, selon un autre poète du cinéma italien,
qu’il est "intolérable d’être toléré", plutôt que de se ridiculiser
dans une lutte totalitaire contre des discriminations qui ne sont
parfois que des différences, et de flirter avec la censure de ce qui
remet en cause sa vision de la liberté. A l’époque, le film fit scandale
dans les milieux bien-pensants des deux bords. Aujourd’hui, il ne
sortirait probablement pas tant notre esprit critique s’est encore
appauvri. Voici l'extrait de la crèche de bidonville, avec la coupole de
Saint-Pierre de Rome en arrière-plan. Vive la provocation !
"Au début, c'est pour nous évader des choses que nous pensons ; puis, lorsque nous sommes allés trop loin, pour nous perdre dans le regret de notre évasion..." Cioran
mercredi 20 janvier 2016
dimanche 3 janvier 2016
Atrophie cortico sous-corticale
Dehors
Dedans
Les journaux ne m’intéressent plus. L’actualité m’apparaît
de plus en plus comme un phénomène illusoire, et un propos écrit voici vingt
siècles permet souvent de mieux appréhender un événement présent que les
bouffonneries de ceux qui se prennent pour les princes de l’information. Le
hasard voulut néanmoins que ma femme achetât « l’Obs » de ce début
d’année, lequel, trônant sur la table de la cuisine, était ouvert à la page de
l’éditorial de Jean Daniel. Le titre accrocha mon regard : « Le grand
échec des nihilistes ». Je pestai immédiatement, sachant ce que j’allai
trouver comme contenu de cet éditoto. Ce fut encore plus lamentable que prévu.
Jean Daniel se félicitait de l’échec, « et quel échec ! » de
ceux qui ne veulent que « détruire, détruire, détruire ». La preuve
du revers des terroristes, prétendument nihilistes ? La « réalisation
spectaculaire » (sic) de la COP 21. Passons sur le ridicule de ce prodige
qui aurait tant amusé Philippe Muray, pour revenir sur le contresens
régulièrement infligé au nihilisme. S’il ne savait pas déjà combien toute espérance est vaine, le voeu d'un véritable nihiliste serait à l'évidence de « détruire, détruire, détruire » le fanatisme des
hommes. Or il le voit à peu près partout, car comme le rappelle Cioran,
« dans tout homme sommeille un prophète, et quand il s'éveille il y a un
peu plus de mal dans le monde... ». C’est donc faire un mauvais procès aux
nihilistes que de qualifier ainsi les terroristes. Ces derniers sont en fait des idéalistes, purs produits d’une époque qui elle non plus,
contrairement à ce qu’on entend de la part des mêmes clowns, n’a rien de nihiliste.
J’en viens à préciser mon constat de départ : mieux vaut lire un texte âgé
de vingt siècles écrit par un penseur alerte, qu’un laïus contemporain pondu
par un journaliste sénile.
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